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Collectif Front de Gauche de Bouray-Janville-Lardy
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2 juillet 2016

Selection d'article: Nouvel ordre social

Article tiré du site: http://www.bastamag.net

Pourquoi la loi Travail et les interdictions de manifester révèlent une radicalisation de l’oligarchie néolibérale

par 22 juin 2016

Pour la première fois depuis un demi-siècle, une manifestation syndicale est frappée d’interdiction à Paris. L’attitude du gouvernement vis-à-vis des opposants à la loi Travail et, surtout, le contenu de cette loi, montrent un durcissement en cours : pas celui de la CGT ou de « l’extrême gauche » mais « de l’offensive oligarchique dirigée contre les droits sociaux et économiques des citoyens ». Car derrière la loi de Myriam El Khomri, c’est un nouvel ordre social qui pointe. Un ordre où les plus fragiles devront être les plus flexibles, pour le seul bénéfice du taux de marge des entreprises et de leurs actionnaires.

La veille du match France-Roumanie, coup d’envoi de l’Euro 2016, le compte Twitter du ministère de l’Intérieur affiche pendant plusieurs heures un message pour le moins étrange. Parmi les consignes de sécurité aux abords des stades : « Ne pas tenir de propos politiques, idéologiques, injurieux, racistes ou xénophobes. » La communication de Bernard Cazeneuve met ainsi sur le même plan parole politique d’une part, insultes et propos sanctionnés par la loi, d’autre part.

Le lendemain de la manifestation nationale contre la loi Travail du 14 juin 2016, François Hollande amalgame le stupide acte de vandalisme contre des vitres de l’hôpital Necker et la menace terroriste. Il prévient : « À un moment où la France accueille l’Euro, où elle fait face au terrorisme, il ne pourra plus y avoir d’autorisation de manifester si les conditions de la préservation des biens et des personnes et des biens publics ne sont pas garanties. » Manuel Valls enfonce le clou sur les ondes de France Inter : « Il y a un besoin d’autorité, d’ordre exprimé par les Français. » Interdiction de tenir des propos politiques aux abords des stades, besoin d’autorité et d’ordre, recours du 49-3 en l’absence d’une majorité favorable à la loi Travail, les temps sont durs pour le débat démocratique. Pour la première fois depuis un demi siècle, et la guerre d’Algérie, une manifestation syndicale est interdite dans les rues de Paris.

Une radicalisation du néolibéralisme

Pourtant, depuis deux mois, seuls les opposants à la loi Travail, en premier lieu la CGT, sont accusés, par plusieurs médias et le gouvernement, de « se radicaliser ». Sur la radicalisation néolibérale des partisans de la loi Travail, point de commentaires. La loi « visant à instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections pour les entreprises et les actif-ve-s », dite loi Travail ou loi El Khomri, s’inscrit bien dans ce cadre idéologique. Présentée comme une simplification du Code du travail par le gouvernement, elle en est plutôt une déconstruction. Les différentes séquences du cheminement du projet de loi depuis la remise en septembre 2015 du rapport Combrexelle, jusqu’à la menace d’interdire les manifestations d’opposants à la loi illustrent cette radicalisation. Celle-ci prend deux formes, estiment le philosophe Pierre Dardot et le sociologue Christian Lava : « D’une part, la puissance renouvelée de l’offensive oligarchique dirigée contre les droits sociaux et économiques des citoyens. D’autre part, la multiplication des dispositifs sécuritaires dirigés contre les droits civils et politiques de ces mêmes citoyens. » [1]

Les politiques néolibérales sont systématiquement favorables au capital, poursuivent les deux universitaires. Une erreur de diagnostic présente le néolibéralisme comme une idéologie prônant la disparition de l’État dans une logique de pur laisser-faire des entreprises et des marchés. Or loin de disparaître, l’État néolibéral s’inscrit dans une logique qui transforme la puissance publique en véritable partenaire des intérêts privés. Dans quels domaines les chantres du « laisser-faire » lui laissent les coudées franches ? Dans le cadre réglementaire, en érodant le droit public au profit des normes privées. Ainsi que par sa mission régalienne de maintien de l’ordre et de répression, voire de criminalisation, de toute action considérée comme un obstacle à la liberté des grandes entreprises et à la valorisation du capital. « La liberté de la concurrence, la compétition acharnée et débridée entre les acteurs appellent le renforcement de la « sécurité » comme la condition indispensable [du] déploiement [du néolibéralisme]. »

Un État fort quand il s’agit de réprimer

Côté maintien de l’ordre face à la contestation sociale, le gouvernement n’a pas lésiné sur les moyens : flash-ball, canons à eaux et utilisation intensive de gaz lacrymogènes sont de rigueur dans de nombreux défilés contre la loi Travail. Intervention du Raid le 13 mai pour évacuer une salle municipale de Rennes occupée par des opposants à la loi Travail. Interdiction de manifester le 19 mai à Nantes avec 30 arrêtés d’interdiction de séjour dans le centre-ville.

Une mise en bouche avait déjà été inscrite au menu des mesures gouvernementales, cet hiver, avec l’interdiction des marches pour le climat des 29 novembre et 12 décembre 2015, assortie d’assignations à résidence de militants écologistes. Depuis fin mars plus de 750 personnes, dont une centaine de jeunes de moins de 18 ans, ont été poursuivies par la justice, avec souvent des condamnations lourdes à la clé. Une qualification de « tentative de meurtre » a été ouverte suite à l’incendie d’un véhicule de police à Paris.

Cette répression s’exprime en-dehors des grandes manifestations : en janvier 2016, huit salariés de Goodyear, dont cinq syndicalistes de la CGT, ont été condamnés à 2 ans de prison dont 9 mois fermes pour la séquestration de deux cadres de leur usine. En avril 2016, treize militants de la CGT du CHRU de Lille et deux agents ont été convoqués au commissariat de police sur demande du Procureur de la République pour des faits remontant au 28 novembre 2014. L’épisode de la chemise arrachée du DRH d’Air France a conduit à l’inculpation de quinze personnes – dont cinq adhérents de la CGT – poursuivies pour « violences en réunion » et qui encourent jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.

Une loi du marché interdit toute politique sociale exigeante

Côté sécurité juridique des entreprises, la loi Travail s’inscrit dans un vaste mouvement de réformes du « marché » du travail amorcé au début des années 1970 avec l’introduction de l’interim. Depuis, plus d’une vingtaine de réformes se sont succédées avec une accélération depuis 1999 et la « refondation sociale » proposée par le patronat. « À l’avenir, tout dispositif social devra être passé au crible du raisonnement économique », exige alors Denis Kessler, vice-président du Medef. Traduction : toute politique sociale menée par un gouvernement doit l’être à l’aune des exigences de la compétitivité des entreprises. Avec à la clé la réduction de la part des salaires dans la valeur ajoutée et l’affaiblissement du salariat organisé.

« Même des textes dont on se souvient qu’ils apportaient des protections nouvelles, contenaient également des flexibilités nombreuses », précise le juriste Emmanuel Dockès. Dans le cadre des Lois Aubry sur les 35 heures, une mesure crée le forfait jours pour les cadres.....

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Petit guide contre les bobards de la loi Travail de Myriam El Khomri

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